Soirée du prix à l'hôtel Bel Ami

Publié le par Prix BEL AMI

Les 3 lauréates,


Adelaïde de Clermont-Tonnerre (roman)  

Dominique Bona (biographie)

Joyce Carol Oates (jeunesse)

 

ont chacune reçu :

 

- Un trophée Lalique en cristal.


- Des bijoux -bracelets et boucles d'oreilles- Martine Harraca.


- Cinq nuits dans une suite de l’hôtel Bel Ami.

 

Ils leur ont été remis par Bambou Alain Chamfort et Gonzague Saint Bris.

 

Elisabeth Reynaud, présidente du prix, les a accueillis par ces mots :

 

« Décerner un prix c’est quand même une sale besogne ! Ca veut dire avoir l’air d’oublier tous ceux qui ne l’on pas eu. Et toutes celles et ceux qui ne sont pas là ce soir. On va en dire un petit mot pour ne pas avoir de remords. Et puis dans ce monde asseptisé tout le monde est sage et obéissant. Ca en deviendrait presque assommant. Tout le monde dit la même chose d’un air soumis et consensuel.

Non la femme n’est pas libérée ! Un peu de haine, que diable ! Retrouvons la fronde et l’insolence des vrais vivants sous peine de mourir étouffés. Et surtout laissons les femmes vivre et écrire. Ce sont toujours elles qui innovent. Enfin presque toujours. En pensant le monde autrement.

Deux ou trois exemples. Aux J.O. de Vancouver, pendant que les plus grands athlètes du monde tentent d’atteindre l’or de la performance ultime, en donnant d’ailleurs, au propre comme au figuré, leur vie pour cela. Pendant que des centaines de millions de téléspectateurs s’enthousiasment pour leurs exploits, à quelques vols d’oiseaux du stade, dans la ville basse de Vancouver, 8 à 10.000 junkies jouent avec la mort, et parmi eux des centaines d’indiennes en fuite des réserves dans lesquelles on les a parquées se prostituent pour de la drogue. Puis elles disparaissent, on ne les retrouve jamais. Elise Fontenaille a écrit leur calvaire dans son roman Les disparues de Vancouver, en écho aux cris de triomphe dont la ville s’enivrait.

Il y a les femmes d’Algérie qui sont toujours violées et massacrées dans tout le pays, dans un silence assourdissant.

En Inde, les femmes veuves connaissent un sort profondément injuste : on ne les brûle plus sur le bûcher où se consumait le corps de leur époux, mais on leur interdit de se remarier. Même très jeunes elles restent seules et démunies pour se battre et élever leurs enfants.

Au Soudan, la police arrête dans un restaurant de Karthoum, une femme journaliste, sans aucun préambule. Son crime ? Elle portait un pantalon. La loi soudanaise punit cette grave atteinte aux mœurs par 40 coups de fouet, infligés publiquement. Là-bas, l’excision des femmes est toujours la règle incontournable. Les préposés aux mœurs sont postés à tous les coins de rue. Lubna Ahmad Al-Hussein fut excisée à l’âge de six ans, elle raconte dans son livre 40 coups de fouet pour un pantalon, l’humiliation des 43.000 femmes qui, chaque année, sont arrêtées, jugées et fouettées, pour avoir fumé le narguilé réservé aux hommes, oublié le voile, fabriqué de l’alcool de dattes, ou vendu du thé sous un arbre pour se faire un peu d’argent.

Alors évidemment nous avons choisi cette année nos lauréats à une quasi unanimité et nous sommes très heureuses que Bambou, Alain Chamfort et Gonzague leur remettent leur trophées. Mais il faut dire un mot de certains des livres en lice qui ont été soutenus becs et ongles par certaines d’entre nous.

D’abord il y a eu Alina Reyes qui s’offre le luxe d’écrire une sorte de Cantique des cantiques d’aujourd’hui, mêlant en toute liberté, mysticisme et érotisme, dans son très beau texte Lumière dans le temps. Elle remporta un immense succès avec son roman paru dans les années 80 Le Boucher, mais a écrit depuis une trentaine d’ouvrages poursuivant ce qu’elle appelle « sa résurrection advenue avec le fleurissement du Christ dans (s)on cœur ».

Il y a eu de ferventes défenderesses de Paris-Berlin, le grand écart, que Christiane Germain a écrit en hommage à sa mère, grande acrobate devant l’Eternel, dans la troupe de Joséphine Baker, et héroïne magnifique dans le Berlin des années 40, puisque son mari, le père de Christiane Germain était allemand. D’où le grand écart. Et l’incarnation d’un couple réunifiant naturellement les deux pays en guerre.

Bien sûr nous avons toutes fondu devant l’élégante légèreté de David Foenkinos et son huitième roman, La Délicatesse. Mais on ne veut pas le perdre donc on le fait encore un peu mariner jusqu’au prochain numéro.

Il faudrait dire encore que Marie Despléchin écrit pour la jeunesse, un Journal d’Aurore en plusieurs tomes, étonnamment acidulé dans un langage repris de nos jeunes enfants avec une vraie virtuosité. On en redemandait.

Et puis que dans son roman, Devi, le bandit aux yeux de fille, Christel Mouchard entre dans la condition des femmes en Inde où règnent les castes dirigeantes, avec un souffle romanesque qui emporte l’adhésion. On s’attache à cette très belle adolescente devenue bandit des grands chemins pour venger sa sœur et rejoindre le grand amour.

Je ne peux pas terminer sans évoquer, avant Bambou à qui je vais passer tout de suite la parole, la figure mythique de Joyce Carol Oates. Grande dame de la littérature américaine, née en 1938, à New-York et qui, à 71 ans, continue d’écrire des chefs-d’œuvres, tant pour la jeunesse que pour le public du monde entier. Un de ses derniers succès Blonde, biographie romancée de Marilyn Monroe, a été traduit dans le monde entier. Elle a publié 70 romans, essais ou nouvelles et a été deux fois sur la liste du Prix Nobel de Littérature sans l’avoir encore obtenu, ce qu’on lui souhaite, bien sur. Elle vit et enseigne à Princeton. Elle dit : « Le sens de la vie consiste à s’immerger dans la beauté. »

 

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Joyce Carol Oates


En conclusion, qu’on n’emploie plus jamais ce mot usé, vide de sens et qui n’est plus qu’une dépouille dévitalisée, je veux parler du mot « égalité » entre hommes et femmes. Il n’y a pas, il n’y a jamais eu d’ «égalité » hommes-femmes. En revanche faisons tout pour faire naître l’ «équité » entre hommes et femmes. Equité des salaires, équité professionnelle, équité dans le couple. Mais pitié, ne parlons pas d’égalité. C’est trop absurde. »

 

Après la remise du Prix Bel Ami Jeunesse par Bambou, Gonzague Saint Bris a rendu un très bel hommage à Dominique Bona qui recevait le Prix Bel Ami Biographie. Puis Alain Chamfort a remis le prix Bel Ami Roman à Adélaïde de Clermont-Tonnerre.


Voici une partie du texte de Gonzague :


« Quel plus beau compliment que de dire à Dominique BONA qu’elle est comme biographe dans la lignée de Stéphane Zweig, elle qui justement lui a consacré une biographie intitulée « L’ami blessé » parue aux Editions Plon en 1996 ? Son genre, son style, sa manière, c’est le contraire de la biographie à l’américaine où l’accumulations de détails et l’entassement de notes étouffent l’expression de l’âme de l’artiste. Dominique a commencé sa carrière de biographe avec Romain Gary, à qui l’on doit cette vérité de La Promesse de l’aube : « Avec l'amour maternel, la vie nous fait  à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais...»

 

Puis, elle s’est intéressée au charme vénéneux de trois sœurs, les filles du poète José-Maria de Heredia, comme le vol des trois grâces hors du charnier natal : Les yeux noirs ou les vies extraordinaires des sœurs Heredia publié par Lattes en 1990. Puisque nous sommes entrés avec Dominique Bona dans la galerie des femmes fatales, allons jusqu’à la plus brutale des égéries russes : Gala dont elle trace un fidèle portrait aux Editions Flammarion en 1995. Tout d’abord, Gala jeune fille nous apparaît sous les traits d’une romantique au sommet, retirée dans un sanatorium suisse, à Clavadel sous la neige, où elle séduit à l’âge de l’innocence un jeune bourgeois qui écrit des poèmes et qui ne porte encore que le nom de Grindel. Bientôt, elle l’épousera – c’est Paul Eluard – avant qu’elle ne devienne la femme et la muse absolue de Savador Dali. 

 

Peut-être est-ce dans sa biographie suivante Berthe Morisot, le secret de la femme en noir que Dominique montre le meilleur de sa maîtrise du sujet puisque elle use d’un œil d’écrivain pour  détecter, capter, retenir et transmettre les moments d’une femme au cœur de la création. Mais la palette de ses talents n’a pas encore donné toutes ses couleurs. Après les trois sœurs, elle ouvre le dossier mystérieux d’une gémellité à accidents, celle du frère et de la sœur, Camille et Paul, la passion Claudel.

 

Aujourd’hui, vous recevez le PRIX BEL AMI de la biographie, acclamée par un jury majoritairement féminin, réuni autour de notre spirituelle et dynamique présidente Elisabeth Reynaud, elle aussi un auteur ou une écrivaine, qui pratique l’art de la biographie. La presse littéraire a su saluer votre livre, sans nous dire pourtant en quoi il était irremplaçable et des plus précieux. Parce que, comme vous savez si bien nous le faire comprendre par l’écriture,  Malraux, ce n’est pas seulement André, c’est aussi Clara. Et surtout et enfin, parce que grâce à vous, l’ombre du grand homme, André, n’assombrira jamais la lumière de Clara ! »

 

Gonzague SAINT BRIS

 

 

Puis la soirée s'est poursuivie sans se prendre au sérieux sous les flash et les lumières roses des salons Bel Ami.

 

On peut voir un extrait vidéo à cette adresse : http://www.parisstylemagazine.com/belami.html

 

 

 

Publié dans prixbelami

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